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Les 4 anecdotes méconnues sur la légende du piano Herbie Hancock

Les 4 anecdotes méconnues sur la légende du piano Herbie Hancock
Image libre de droit @Flickr/Mark Garten

Un artiste qui n'a jamais cessé d'innover, et de nous surprendre albums après albums

Le 12 avril 1940, une légende du piano a vu le jour : Herbie Hancock. A 85 ans, le musicien compte bien nous ensorceler encore un peu, notamment cet été puisqu'il a annoncé plusieurs concerts. La bonne nouvelle, c'est qu'il sera de passage en France, avec des performances déjà très attendues à La Défense Jazz Festival, Jazz à Juan et Jazz in Marciac. Et en 85 ans, Herbie Hancock a eu l'occasion d'en faire des shows à travers le monde, et d'éblouir les mélomanes du monde entier avec des titres devenus cultes.

Alors à l'occasion de son anniversaire, Jazz Radio voulait revenir sur les anecdotes les plus mémorables de la vie du musicien, icone inoubliable du jazz.

La rencontre bouleversante avec Miles Davis, son père spirituel 

A seulement 23 ans, le jeune Herbie Hancock franchit un nouveau cap dans sa carrière en intégrant le deuxième quintet de Miles Davis, composé de grands talents. Aux côtés du bassiste Ron Carter, du batteur Tony Williams, de Wayne Shorter au saxophone ténor et bien sûr, de Miles Davis, Herbie Hancock fait ses gammes dans ce quartet devenu légendaire. Si le musicien réussit peu à peu à trouver sa place au sein de la fine équipe, il est parfois rattrapé par ses propres angoisses et son stress. 

Un soir - ou même plusieurs soirs, il est possible que ce soit arrivé plusieurs fois - Herbie Hancock est persuadé de mal jouer. Il panique, loupe un accord, et se sent plus stupide que jamais. Mais face à lui, Miles Davis, imperturbable, va répondre avec une phase musicale inattendue, qui fera de l'erreur d'Herbie une évidence. Mortifié après le concert, Herbie Hancock se confond en excuses, persuadé d'avoir tout ruiné. Mais Miles Davis va le rassurer, en lui disant une phrase qui changera à jamais sa vie : 

"Quand vous jouez une note, seule la suivante permettra de dire si elle était juste ou fausse" - Miles Davis

A partir de ce moment là, Herbie Hancock n'aura plus jamais peur de se tromper, et osera en permanence, comme une philosophie de vie qui deviendra sienne. 

Un vrai geek

Herbie Hancock ne s'est jamais caché sur le sujet : il a toujours aimé la technologie. Les machines qui font du bruit, les boutons sur lesquels appuyer, c'est son truc. Mieux : il était fasciné par l'idée de pouvoir, peut-être un jour, faire de la musique avec ces drôles d'instruments. Et à l'heure où, au début des années 80, les artistes découvrent à peine les synthétiseurs, Herbie, lui, est déjà en train de coder son tout premier ordinateur : un Apple II. Un appareil qu'il a d'ailleurs conservé aujourd'hui, persuadé que ça allait bientôt révolutionner le monde... et celui de la musique. 

"C'était un Apple II Plus, avec 48 Ko de RAM, et il fallait stocker les programmes sur une cassette [...] Mais je savais que les ordinateurs allaient jouer un rôle important dans la musique, et j'encourageais tous les musiciens que je rencontrais à apprendre leur fonctionnement." - Interview Herbie Hancock 

Si Herbie Hancock n'a pas pu faire de musique avec cet appareil, il a tout de même appris le langage BASIC, s'est intéressé, tel un innovateur, aux logiciels de musique assistée sur ordinateur, et à même poussé Apple à améliorer les capacités sonores de leurs machines. A sa manière, Herbie Hancock a toujours encouragé ses collègues musiciens à s'intéresser à la musique sur ordinateur. 

Herbie Hancock is showing his computer recording setup to Quincy Jones in 1984.
byu/Scientiaetnatura065 inOldSchoolCool

Le Bouddhisme, quête spirituelle très importante dans son oeuvre 

En 1972, Herbie Hancock va faire la rencontre d'une philosophie qui marquera à jamais le cours de son existence : le bouddhisme. Alors qu'il joue dans un sextet avec le bassiste Buster Williams, ce dernier lui présentera une branche du bouddhisme de Nichiren, une branche japonaise centrée sur la récitation du mantra "Nam Myōhō Renge Kyō", qui pourrait se traduire par "Je mets ma vie en harmonie avec la vie de l'unviers". 

Un mode de vie qu'il continue d'appliquer au quotidien et qui l'a maintes fois aidé, notamment dans les heures les plus sombres de sa carrière, comme dans les années 90, alors qu'il se battait contre une dépendance à la cocaïne. Plus serein que jamais aujourd'hui, c'est cette philosophie qui le porte tous les jours, et lui donne l'énergie suffisante pour être toujours aussi actif à 85 ans, et ce malgré l'évolution, assez chaotique, du monde contemporain. 

"Le bouddhisme est le pilier de ma pensée, et sa philosophie est tournée vers des forces positives. Néanmoins, quand je regarde la tournure que prend le monde, je perçois les pleurs de cette Terre. Ce que nous a dit le Covid-19, qui a représenté une menace pour toute la famille, sans exception. A nous de changer notre regard sur l’autre, de promouvoir l’égalité plus que de vouloir la domination. J’ai espoir dans l’esprit humain mais j’ai conscience que les temps actuels seront décisifs pour la suite. Beaucoup de jeunes y œuvrent, mais d’autres ont peur, et la peur les pousse au pire. Nous avons besoin de redevenir ce que nous sommes, des humains humanitaires, sans quoi nous ne parviendrons pas à surmonter le changement climatique." - Herbie Hancock, interview Libération

La musique pour l'espace 

Pour le commun des mortels, Herbie Hancock vient d'une autre planète tant il éblouit par son talent. Et ce n'est pas un hasard s'il a été sollicité par la NASA pour participer à un projet inédit, lié à une mission spatiale de 2011, le projet Juno, destiné à l'étude de la planète Jupiter. Et il semblerait que les scientifiques aient vu beaucoup de références au monde de la musique dans leur travail, d'où la présence d'Herbie Hancock, solliciter pour créer un projet avec différents artistes, et ainsi de promouvoir le projet. 

"Il y a tellement de références à la musique, avec ses tons et ses harmoniques, qu'ils [La Nasa] ont pensé, pour attirer l'attention sur le travail fantastique réalisé sur la technologie spatiale, et l'intérêt croissant pour les planètes, mais aussi pour la galaxie et l'univers, qu'ils ont réalisé qu'il y avait une composante musicale en lien direct avec tout cela. Ils sont donc venus me voir avec l'idée de créer un projet avec différents artistes" - Herbie Hancock 

Fan de science-fiction, Herbie a toujours vu le jazz comme un langage universel, presque cosmique. Cette passion pour les étoiles se retrouve dans beaucoup de ses albums, de Mwandishi à Future Shock, en passant par Dis Is Da Drum.