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Tout ce que vous ne savez pas sur Billie Holiday

Tout ce que vous ne savez pas sur Billie Holiday
Instagram @billieholidayofficial

Quels sont les secrets que vous ne connaissez pas encore sur "Lady Day" ?

Elle est incontestablement l'une des plus grandes chanteuses américaines du jazz et du blues. Partie de façon précoce à 44 ans le 17 juillet 1959, Billie Holiday laisse derrière elle un héritage puissant, marqué par son engagement pour les droits civiques, des morceaux devenus de véritables standards de jazz avec pas moins de 600 enregistrements. Pour rendre hommage à son talent, Jazz Radio s'est penché sur des anecdotes insolites sur la chanteuse, entre son enfant difficile, ses premiers succès dans la musique, et le choix de son nom de scène.

Une enfance difficile 

Billie Holiday n'a pas vraiment eu de chance dans les débuts de sa vie. Elle est la fille de Sarah Julia "Sadie" Harriset Clarence Holiday, musicien de jazz professionnel, âgés de respectivement 19 et 17 ans quand Billie naît. Autant vous dire qu'entre un père qui ne la reconnaît pas, et qui passe ses soirées dans les clubs, et une mère très peu présente, Billie n'a pas l'enfance la plus joyeuse. Elle sèche beaucoup l'école, ce qui amènera sa mère a porter plainte pour absentéisme. Elle sera placée dans une maison de redressement, où elle connaîtra les violences quotidiennes. 

Lors d'une interview, la chanteuse aurait résumé son enfance dans une phrase qui fait beaucoup de peine : 

"Je n'ai jamais eu l'occasion de jouer à la poupée comme les autres enfants. J'ai commencé à travailler à 6 ans." - Billie Holiday 

Un nom d'emprunt, pour un hommage à une star de cinéma 

Vous l'aurez compris : Billy Holiday n'est pas né avec ce nom. En effet, elle est née Eleanora Fagan, même si certaines sources affirment que le nom que l'on pouvait voir sur son acte de naissance était plutôt "Elinore Harris". Si Billie Holiday n'entretenait pas vraiment de relations avec celui qui l'a abandonné à la naissance, elle a pourtant choisi de prendre son nom de famille lorsqu'elle a commencé sa carrière en tant qu'artiste. Véritable hommage à son identité ou sonorité qui lui plaisait, toujours est-il que c'est de là que vient "Holiday". 

En ce qui concerne "Billie", c'est un hommage à l'une des idoles de la chanteuse, Billie Dove, star de cinéma muet. Comme on peut le lire dans son autobiographie Lady Sings the Blues, elle en était absolument fan :

"Je ne crois pas avoir raté un seul film de Billie Dove. J'étais folle d'elle." - Billie Holiday 

Un petit détour par la carte prison 

Billie Holiday n'a pas eu beaucoup de chances dans la vie, entre son enfance terrible, ses relations destructrices avec les hommes, et ses dettes. Alors parfois, pour oublier, elle se laissait aller à quelques substituts, succombant aux vertiges de l'alcool et de la drogue. En 1947, elle est arrêtée pour possession de stupéfiants, condamnée à un an et un jour de prison. Une peine qui l'empêchera d'obtenir une licence pour jouer dans des clubs et des cabarets. Après sa sortie, elle fut arrêtée deux ans plus tard, de nouveau en possession d'alcool. 

Ces addictions commencèrent malheureusement à impacter sa voix, et donc par extension, sa carrière. Si elle réussit à enregistrer quelques albums supplémentaires et à partir en tournée en Europe au milieu des années 50, elle finira emportée par ses propres démons. Et même à l'hôpital, alors qu'elle se faisait dévorer par une cirrhose du foie, elle fut arrêtée par la police dans sa propre chambre d'hôpital. Elle ne fut pas jugée. Elle mourut un mois plus tard, le 17 juillet 1959, à l'âge de 44 ans.

Une grande première dans l'histoire de la musique

En 1938, Billie Holiday a déjà quelques années de musique dans les pattes, et elle reçoit une proposition en or. Celle du clarinettiste Artie Shaw, qui l'invite à diriger son orchestre. Une consécration pour l'artiste, qui devient la première femme noire à être accompagnée d'un groupe de musiciens blancs. Ensemble, ils vont enregistrer une chanson, "Any Old Time". Pourtant, cette mise en lumière de la chanteuse n'a pas toujours été de tout repos pour Billie, qui a affirmé dans une interview accordée à Downbeat qu'elle n'avait jamais été payée pour le morceau : 

"Artie ne m'a jamais payée pour ce disque. [...] Juste avant sa sortie, j'en ai eu assez des manières arrogantes et prétentieuses d'Artie, ainsi que du comportement outrancier de ses managers, et j'ai quitté le groupe. Je suppose qu'Artie a oublié "Any Old Time". Je sais qu'il ne m'a jamais payée." - Billie Holiday 

Un accessoire de mode devenu iconique, à la base d'un accident 

Les fans de Billie Holiday le savent : la chanteuse a souvent été immortalisée avec des fleurs dans les cheveux, des gardénias blancs. Si on pourrait croire à un accessoire de mode pour sa coquetterie personnelle, il n'en est rien. En effet, alors que la chanteuse se préparait pour un concert en se bouclant les cheveux, elle a malheureusement brûlé une partie de ses cheveux. Une autre chanteuse de jazz présente sur place, Carmen McRae, a assisté à toute la scène. Le coeur sur la main, elle s'est précipitée à l'extérieur afin d'acheter quelques fleurs de gardénias à une marchande installée devant la salle de concert. 

Elle a ensuite apporté la fleur à Holiday, qui a pu couvrir la zone brûlée. Charmée par ce nouvel accessoire, Billy Holiday en a fait sa marque de fabrique

Lady Day, le joli surnom donné par son grand ami Lester Young

Si Billie Holiday a malheureusement connu des histoires très compliquées avec de nombreux hommes, elle a eu la chance de croiser sur sa route un certain Lester Young, saxophoniste de renom, qui devint bien plus qu'un ami, presque un frère. Ces derniers se sont liés d'amitié dans les années 30 et partiront même ensemble en tournée avec Count Basie. Ils ont aussi enregistrer ensemble plusieurs projets, et notamment l'émission spéciale "The Sound of Jazz  en 1957. 

Alors que Lester raccompagnait Billie Holiday aux premières lueurs du jour, il lui fit un baise-main, et lui aurait dit "Bonsoir Lady, ou plutôt, Lady Day". En retour, Billie Holiday lui donna le surnom de "Pres" ou "Prez", parce qu'il était à ses yeux le président du saxophone.