Miles Davis et Juliette Gréco, le grand, le merveilleux amour… mais l’amour impossible.
Nous sommes à Paris, en 1949, dans le quartier du jazz, des arts et des belles lettres, à Saint Germain des Près. On croise Marguerite Duras, Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, Boris Vian. Les nuits de Saint Germain des Près sont plus belles que le jour.
Le Jazz américain résonne dans les caves voûtées des clubs de jazz et sur la scène de la salle Pleyel. Et ce soir-là, un tout jeune trompettiste américain de 23 ans, donne son premier concert en France à l’occasion du Festival international de Jazz à Paris. Il s’appelle Miles Davis et personne n’oubliera plus jamais son nom. Ni le public, ni cette jeune chanteuse et actrice française qu’il rencontrera dans les loges à l’issue de sa prestation.
Cette jeune femme s’appelle Juliette Gréco. Elle dira plus tard : "J’avais été amenée dans les coulisses par Michèle Vian, la femme de Boris. J’ai vu Miles de profil : c’était -absolument un Giacometti. Avec un -visage d’une grande -beauté ; une statue égyptienne."
Miles Davis rencontre l’amour à Paris et trouve en France un véritable refuge artistique. À une époque où les États-Unis étaient encore marqués par de sévères discriminations raciales, la France offrait un terrain propice à l'innovation et à la création que Miles Davis chérissait.
Son premier séjour parisien dura une semaine. Pendant ces quelques jours Miles Davis et Juliette Gréco ne se quittèrent pas, ne se lâchèrent pas la main. Jean-Paul Sartre demanda au musicien pourquoi il n’épousait pas sa belle Juliette. "Parce que je l’aime trop pour la faire souffrir." répondit le trompettiste. À son retour à New York, il sombre dans l’héroïne. "Il m’a fallu quatre ans pour décrocher", avoue-t-il dans son autobiographie. Et sept avant de retrouver la France, sa seconde patrie.
Quelques années plus tard, en 1954, Juliette et Miles se revoient à New York, mais la situation est bien différente de Paris. À New York, ils sont constamment montrés du doigt. Les couples mixtes sont rares. Le racisme est omniprésent. Et après une humiliation dans un restaurant chic, Miles demande à Juliette de ne plus jamais remettre les pieds aux États-Unis. Leur amour y est impossible. Miles aimait trop Juliette pour la voir souffrir.
La France deviendra la seconde patrie de Miles Davis, celle de son cœur. Il reviendra à Paris pour enregistrer la bande originale du film "Ascenseur pour l’échafaud" de Louis Malle. Puis, pour d’autres concerts à Pleyel, à l’Olympia, à Jazz à Juan ou au Nice Jazz Festival. Pour recevoir la Légion d’Honneur. Juliette et Miles resteront toute leur vie en contact. Ils ne cesseront jamais de s’aimer. Miles Davis, lors de ses tournées, lorsqu’il jouait dans des salles où Juliette Greco devait aussi se produire ensuite, laissait des petits mots dans la loge. Il lui écrivait : "tu n’es pas là ce soir". Avant de mourir, Miles Davis, se sachant malade, fit un dernier voyage à Paris, pour dire au revoir à Juliette Gréco.